Les voix non exprimées aux élections en France

Les voix non exprimées sont les non inscrits, abstentions, blancs et nuls.

Au 1er tour des régionales 2021, elles ont atteint un niveau inédit de 38 millions, avec 31 millions d’abstentions et 7 millions de non-inscrits. Une masse qui pèse 72% du corps électoral.

1) Historique

2) Le corps électoral

Le corps électoral correspond à la population des personnes âgées de 18 ans et plus, un chiffre que l’on peut connaître avec la pyramide des âges de l’INSEE, faute d’être communiqué par le ministère de l’intérieur.

La population de la France entière (métropole et outre-mer) étant d’environ 67,2 millions, selon le site de l’INSEE, le corps électoral est alors de 53 millions (79% de 67,2 millions). Une valeur relativement constante en raison de la stabilité démographique de ces dernières années.

3) Régionales 2021 – 1er tour

4) Une analyse politique de l’abstention aux régionales, par Georges Kuzmanovic


Concernant l’abstention, les raisons de fond, que la conjoncture ne fait que renforcer, sont politiques :

  • Ce scrutin révèle avec force le rejet par les Français des élections régionales et de ce qu’elles représentent. D’abord, beaucoup, et avec raison, ne comprennent pas les prérogatives concrètes de ces « grandes régions » qui ne font que diluer la responsabilité politique. D’ailleurs, pour plusieurs têtes de liste, tous partis confondus, ce n’est qu’un tremplin pour les élections nationales de 2022 ; toute la classe politique ou presque a ainsi mis en avant des projets programmatiques nationaux sans aucun rapport avec les compétences réelles des régions, ajoutant à une confusion déjà grande.

    Ensuite et surtout, cette abstention massive peut être lue comme un rejet clair et net des « supers régions » elles-mêmes. Imposées par l’Union européenne et l’Allemagne, qui veut voir son système partout dans l’UE et vomit l’organisation de l’Etat français, elles ne correspondent en rien à l’histoire politique française et ne recoupent même pas les aspirations culturelles des territoires. Elles vont à l’encontre du triptyque politique français naturel : commune, département, nation, chacun de ces trois éléments étant sabordé, et en premier lieu la nation. Cette organisation territoriale ne convient pas aux Français, d’autant qu’elle s’accompagne d’une constitution de baronnies politiques européistes et déconnectées des préoccupations des citoyens.
  • Enfin, l’offre politique est désespérante au regard des problèmes des Français. Du RN à la France insoumise, aucune formation politique ne semble capable d’adopter une ligne qui associe politiques économiques redistributives « de gauche » (justice sociale, justice fiscale) ET politique régalienne « de droite » (sécurité, contrôle de l’immigration, respect de l’autorité).

    Mais surtout et principalement, pourquoi les Français se mobiliseraient-ils pour des élections locales alors que les grandes décisions sont imposées par l’union européenne, les traités de libre-échange, les États-Unis d’Amérique, l’OTAN, le FMI, la BCE ou l’Allemagne ?
    Les politiques professionnels se lamentent ou fustigent l’abstention des électeurs, mais ces mêmes électeurs, qui ne sont pas ignorants comme on tente de le faire, croire sur les plateau de télévision :
  • savent bien que 80% des lois adoptées à l’Assemblée Nationale sont des mises en conformité aux dispositions européennes ;
  • voient bien que la politique énergétique de la France est largement décidée par Berlin.
  • se souviennent que quand ils se mobilisent contre le Traité Constitutionnel Européen en 2005 et remportent un référendum, on leur a imposé un déni de démocratie en 2008, gauche et droite bras dessus bras dessous….
    Alors, qui est inconséquent, le gouvernement, les ex-partis de gouvernement ou le peuple ?
    Il y a un boulevard pour rendre à la France sa grandeur en lui donnant une véritable perspective pour un avenir qui ne soit pas un médiocre suivisme des décisions prises à Bruxelles, Berlin, Washington ou Wall Street. »

5) L’analyse de Jacques Nikonoff

Abstention aux régionales et départementales : une bonne nouvelle pour la démocratie !

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